No passado dia 15 de Maio, a Rádio RGB, de França, falou do Último acto de Reflect.
Movido pela vontade de quebrar preconceitos, misturar todos os géneros musicais para formar as pessoas e educar ouvidos, Mickaël Cordeiro de Oliveira criou um programa dedicado ao Hip-Hop. O "Café Central" é feito em francês e muito tem contribuido para divulgar o que por cá se vai fazendo:
Cette semaine, j'aimerais vous parler du rappeur d'Armação de Pêra, Reflect, de son vrai nom Pedro Pinto. Il est également producteur et fondateur de la maison d'édition Kimahera, où figurent AS2, le rappeur dont je vous ai parlé la semaine dernière, ou encore d'autres valeurs sûres des prochains festivals portugais comme Dj Gijoe ou Emmy Curl dont on écoutera également un morceau durant l'émission.
On se rend compte que quelques un de ces textes ont été écrits pendant son adolescence, période propice à la découverte de la catharsis qu'est l'écriture, une réelle thérapie. Reflect, veut aussi réinstaurer la réflexion chez la nouvelle génération, une réflexion qui grâce aux révolutions arabes semblent revenir au goût du jour. Dans son titre « último acto », il émet ce dur constat : « raciocínio nesta geração é uma pura miragem ». Reflect c'est aussi tout un jeu de reflets, un reflet entre son adolescence et sa maturité, entre sa jeunesse qu'il évoque si souvent et son expérience qui l'a endurcit.
Bien souvent, les écrivains parlent de la jeunesse comme l'âge de l'utopie, où l'harmonie et la joie de vivre effacent la dureté du quotidien, les querelles environnantes. De part peut-être son jeune âge comparé aux écrivains, Reflect a dans ses textes les maux d'une conscience juvénile, d'un petit être touché qui se rend quand même compte de la dureté de la vie qui se reflète par exemple dans l'incapacité financière de sa mère à lui offrir des cadeaux qu'il n'exige même pas.
Son écriture très poétique peut agacer certains rappeurs, qui pourraient dire que ses titres ne dénoncent pas assez de choses et ne représente pas vraiment la musique contestataire. Il faudrait peut-être leur rappeler l'origine du mot rap « Rythm and Poetry ». De plus, dans trois/quatre morceaux, il formule des propos virulents que peu d'autres rappeurs développent : la formation intellectuelle des étudiants à l'université, l'élitisme chez certains personnes qui oublient ou font en sorte d'oublier leurs origines, mais aussi ce véritable amour qu'il porte pour Armação de Pêra, ses plages, la mer, tout un environnement qui peut rendre envieux.
C'est dans son titre « Infinitamente » que ces critiques sont le plus exposées, il parle de son refus d'aller à la fac, « licenciado não sou por opção, inteligência não é memorização ». Alors là bien sûr je me revois complètement dans ces examens de littérature que j'ai eue lors de mon passage à Coimbra, où nos devoirs sur tables étaient 10 questions sur la littérature auxquelles il fallait répondre en 3 lignes, ces questions étant en fait des définitions. Ou ces autres devoirs sur tables « com consulta », c'est-à-dire que l'on avait le cahier sur la table et que l'on pouvait recopier tout ce qu'on avait préparé chez soit sur la feuille de l'examen. Ou encore ces personnes supposées intelligentes qui accumulent les antisèches écrites en Times new roman taille 8 : « dispenso ser o engenheiro que cabula ».
Il parle également d'un des travers que la démocratie a pu apporter, le fait que des hommes oublient qu'ils n'ont même pas « a quarta classe » et jugent la « classe » ou le côté hype d'une personne seulement à travers l'apparence, si chère à notre communauté portugaise.
« Olha lá vai o filho do vereador, aquele do site armado em cantor
Aquele que rima com os pretos da Caixa, oh meu Deus que classe tão baixa
Quem são vocês pra falar de classe, se não têm mais que a quarta? »
Dans son titre desafhino, triple jeu de mot entre desafio/desafino/ et hino, il formule son hymne contre le rap inspiré du gangsta rap américain, qui rime avec argent, arme et colliers en or, il incite les jeunes à se révolter contre le mensonge ambiant, comme si d'une certain manière sa jeunesse continuait, toujours sujette aux mensonges que nous livre nos parents, ici les médias, la télévision, les revues, la guerre, la violence. Il dira ensuite cette frase :
« Adoptado pela Europa, sou filho de Portugal,
Educado pela América, sou cidadão mundial » et cet eternel rejet de l'amérique présent chez une bonne majorité des rappeurs.
Il affirme être la voix de ceux qui n'en ont pas, la voix des minorités, le rap étant la minorité musicale, le genre musical qui subit le plus de censure à travers le monde alors que l'on laisse des artistes américains sortir des textes qui ne veulent rien dire, bourrés de décadence, de sexualité gratuite, pornographique.
Enfin, on ressent également chez lui les maux des écrivains, le doute constant, la peur d'une salle vide lors d'un concert, la pression de l'industrie du disque et les difficultés qu'un artiste rencontre avec le téléchargement illégal, mais aussi sa révolte contre l'infidélité de certains spectateurs qui aujourd'hui l'applaudissent et demain peuvent le détruire.
Ses textes sont donc essentiellement un regard vers le passé, vers sa mémoire, un regard sur sa solitude qui elle, continue, sur sa lutte pour devenir quelqu'un dans ce milieu parfois si hostile qu'est le rap, sa lutte pour démontrer que le rap est un art, une pièce qui complète le puzzle de l'art portugais.
Mickaël Cordeiro de Oliveira,
Chronique Café Central, le 15 Mai 2011, Radio RGB Ver mais informação
Pedro Pinto @ 30 Maio 2011 (Seg) - 12:06